GESTION DE CRISE ET IMPACTS SUR LE PERSONNEL

Après 2 semaines de confinement, il est temps de faire un petit bilan de la gestion de la crise au sein de la Défense. Vous avez été nombreux à nous contacter pour relayer diverses problématiques au sein de vos unités, tant sur le plan collectif qu’individuel. Nous faisons avec vous un petit tour d’horizon de la situation.

La gestion du personnel 
Le début de gestion de la crise a créé de grandes disparités au sein du personnel sur la question du télétravail. Déjà bien appliqué au sein de la ligne hiérarchique, le télétravail n’était pas possible pour bon nombre de volontaires et sous-officiers ne disposant pas d’un laptop ou n’étant pas sur une fonction permettant le travail à distance. Leur présence était bien souvent exigée sous le couvert de « tâches essentielles ». Il aura fallu attendre l’ordre de la Première Ministre, Sophie Wilmès, pour élargir le télétravail et préserver ainsi la santé du personnel.

Question : qu’en sera-t-il après le confinement ?
Le SLFP-Défense demande depuis longtemps déjà une gestion plus juste du télétravail et travail satellite afin qu’ils ne profitent pas qu’à une seule tranche du personnel. En la matière, il y aura certainement un avant et après Covid-19 !

Nous sommes également surpris d’apprendre que toutes les mutations ne sont pas automatiquement suspendues pendant le confinement. En dehors d’une mutation cruciale pour le déroulement des opérations de la Défense, est-il vraiment réaliste de faire muter les militaires dans la situation actuelle ? Qu’en est-il de l’accueil et éventuel parrainage de ceux-ci ? Considérant qu’une grande partie de ces derniers ne se rendront probablement pas en caserne (téléworking ou stand-by), est-ce une manière pour la Défense d’économiser les TLHT ?

Alors que le SLFP-Défense avait interpellé l’autorité pour demander que le report des jours de congé de 2019 puisse se faire jusqu’au 31 décembre 2020, comme c’est déjà le cas pour les travailleurs de la Fonction Publique, la Défense annonce dans l’une de ses FAQ que les membres du personnel pourront prendre leurs jours de congé restants de 2019 jusqu’à 6 semaines après le confinement. Quelques jours plus tard, la FAQ est complétée par cette phrase pas si anodine que cela : « les personnes qui veulent continuer à effectuer leurs tâches peuvent en parler à l’échelon supérieur pour voir si les congés approuvés mais pas encore pris peuvent être annulés. Il appartient à l’autorité d’accepter ou non cette demande sur base des éléments dont elle dispose ».

Autrement dit, non seulement la Défense modifie les dispositions du TRAVARB, sans aucune concertation sociale sous le couvert de l’urgence selon le CHOD, en rajoutant des nouveaux critères sur l’annulation des congés, mais elle se prive en plus de certains militaires qui seraient en congé « forcé » dans le cadre d’un éventuel engagement important de la Défense dans cette crise.

Opérations et Entrainements
Une fois l’incertitude passée sur l’annulation ou non de certains exercices à l’étranger, nous constatons encore trop peu de peu de communication vers le personnel actuellement en OVG ainsi que vers les familles du personnel maintenu en opération.

Malgré les précautions, un cas de contamination avéré au Covid-19 a été détecté sur le navire Leopold 1 entrainant une mise en quarantaine de tout le personnel. Nous avons été choqués d’apprendre l’organisation catastrophique de cette mise en quarantaine : manque de logements disponibles pour le personnel, pas d’organisation de buanderie obligeant les militaires à suivre l’ordre de « laver leurs sous-vêtements sous la douche » (sic), repas payant à 4€, outsourcing chez Sodexo oblige, etc. Si les opérations doivent rester la priorité de la Défense, le personnel doit l’être tout autant !

Bien-être et prévention
Ces manquements au bien-être de notre personnel ont aussi été constatés à d’autres niveaux notamment dans le manque de moyens liés aux mesures de prévention (hygiène) en unités et en OVG.

Alors que la situation est inédite et critique pour le personnel, nous regrettons que le bien-être de celui-ci soit relégué en seconde position. Pour preuve, le report quasi systématique des réunions concernant le bien-être du personnel et ce même sous forme électronique !

Nous observons à nouveau une confusion et un amalgame entre DG H&WB et le Service Interne de Prévention et Protection au Travail (SIPPT) comme conseiller de l’employeur et de ses représentants. Cela entraine également une inversion du Risk Ownership, qui détermine celui qui est responsable des risques encourus, entre le Chef de la Défense et les Chefs de corps. Il est en effet demandé aux Chefs de Corps de pratiquement « tout » gérer à leur niveau alors que les directives devraient venir de l’employeur, c’est-à-dire le Chef de la Défense. L’empowerment semble déjà montrer ses limites.

Conséquence directe de la confusion : un manque de reporting clair de l’AMT des cas de Covid-19 tant au sein de la Défense que dans la transmission des informations vers les partenaires sociaux.

Organisation et communication
Bien qu’on puisse souligner les efforts de communication de la Défense ces derniers jours, c’est un euphémisme de dire que la communication a été difficile au début de cette crise. Le temps de réaction a été extrêmement long entre les mesures nationales du 18 mars 2020, les « directives » très locales dans les unités dès le 19 mars 2020 et l’implémentation des Business Continuity Plans (BCP) le 24 Mar 2020 dernier. Sur le terrain : beaucoup de disparités entre les unités, certains bénéficiant de télétravail ou de mise en stand-by et d’autres ont été contraints de rejoindre le travail alors que les mesures de précaution de base ne pouvaient être appliquées.

Également, la notion de « tâches essentielles » qui n’a été clarifiée que plusieurs jours plus tard laissant ainsi les membres du personnel mais également la ligne hiérarchique et les Chefs de Corps dans la confusion. Il est fondamental que les Chefs de Corps soient également soutenus par leur hiérarchie au moyen de décisions claires et assumées.

Alors que le moment était critique pour que tout le personnel ait accès à l’information, il est décidé de maintenir le basculement du https://mail.mil.be/ vers portal.mil.be. La procédure d’accès à la boite mail militaire, différente et plus compliquée pour certains, a mis bon nombre de militaires dans l’embarras.

Concertation sociale et responsabilité syndicale
Notre objectif ici n’est pas d’attaquer gratuitement la Défense sur ses manquements. Au sein du SLFP-Défense, nous avons toujours privilégié la discussion et les échanges constructifs. Cependant, les crises sont toujours révélatrices de points de travail et de progression. C’est à ce titre que nous regrettons le manque de communication de l’autorité envers les organisations syndicales. Des décisions touchant aux règlements de travail ont été prises sans la moindre concertation et surtout sans même le droit de base à l’information. Nous apprenons ainsi via les FAQ certaines décisions alors que nos interventions sur ces mêmes sujets, elles, restent sans réponse.

Nous comprenions que l’autorité mettent les réunions syndicales en stand-by mais face au manque d’information via les canaux digitaux, il semblerait pourtant nécessaire que l’autorité et les organisations puissent se rencontrer, en respectant la distanciation sociale et la mise en œuvre de moyens sanitaires.



LE PERSONNEL DOIT ÊTRE PROTÉGÉ !